Avant que l' Aisne ne soit canalisée avec l'écluse et le barrage construits en 1843, il n'était guère facile de naviguer sur la rivière notamment à Fontenoy oû l'on trouvait de nombreux bancs d'alluvions formant des îles comme à la Thuillerie ( actuellement prés de l'écluse ) ou des pierres comme prés du bac au hameau de Port. Car, jusqu'en 1865, date de la construction du pont, on ne pouvait traverser l' Aisne qu'avec des nacelles ou le bac au Port. Celui-ci permettant aux chariots de blé ou de seigle de rejoindre la route Royale ( actuellement la nationale 31 ) à Arlaines, appartenait à l'abbé de Saint-Médard. En 1596, l'abbé Hottman, qui transforma le château de Vic, loua le bac à Loïs Turpin qui percevait un droit de passage mais « devait passer, de jour et de nuit, en toute diligence, toute personne qui se présentait à pied, à cheval et chariots aux prix inscrits sur la pancarte ». Mais le bacquien devait garantir le passage gratuit à l'abbé, aux autres religieux de l'abbaye et à leurs serviteurs.
1860 et 1861
les routes de Pontarchet à Coucy et de Vic à Pommiers furent pavées. Les ingénieurs, Legrand et Goffard construisirent alors le pont à Port pour une sommes de 73 500F que l'on recueillit grâce à une subvention de 22 000F et à une société dirigée par MM. De Rivocet, De Valsery et Vauvillé, respectivement maire de Fontenoy, Coeuvres et Ambleny. Ce pont, béni le 15 août 1860, était à péage et l'on prévoyait une recette annuelle de 5 000F par an pendant trente ans.
C'est un pont métallique à 2 travées solidaires de 22m91 d'ouverture chacune reposant sur une pile centrale en rivière, sa largeur total est de 4m40 dont une chaussée de 2m25 et 2 trottoirs de 1m chacun. Le tablier est constitué par 2 poutres principales continues à treillis multiple de 1m53 de hauteur, reliées par des entretoises de 1m35 de hauteur, espacées de 2m54 et supportant un platelage en bois.
La guerre de 1914 - 1918
Le 1 septembre 1914 les allemands firent leur entrée dans le village par la route de Nouvron et établir leur quartier général au château des Mardansons. Pendant plusieurs jours, les troupes ennemies traversèrent Fontenoy pour se porter sur la Marne, ou, repoussés par la contre offensive française, ils furent contraint à la retraite. Les Allemands précipitèrent leur repli pour passer la rivière et faire sauter le pont avant de se poster sur le rebord du plateau. Dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 septembre 1914, des éléments de la 126éme brigade donnèrent l'assaut en passant l'Aisne sur des barques prés de l'écluse, le village fut alors nettoyé de tout ennemi. Aussitôt le génie reconstruit un pont de bateaux pour permettre au gros des troupes de franchir la rivière. Le dimanche 13 et le lundi 14 septembre les allemands pilonnèrent le bas de la vallée et plus particulièrement le pont provisoire de bateaux pour empêcher les renforts d'arriver. Le 27 mai 1918, le Komprinz lança une grande offensive sur l'Aisne pour pousser ses troupes jusqu'à la Marne.
Après avoir enlevé TARTIER, les allemands entrèrent dans Fontenoy le 31 mai vers 18h et alors que les premiers fantassins ennemis s'engageaient sur le pont reconstruit, une formidable explosion secoua toute la région et illumina le ciel. Le pont miné par le génie venait de sauter.
1923 - 1924
En 1919 on envisage, par voie de concours, la reconstruction de l'ouvrage. Le service de la Navigation demanda le 4 mars 1920, la suppression de la pile en rivière et l'adoption d'un pont d'une seule travée laissant libre pour la navigation un gabarit de 40m de largeur et d'une hauteur de 4m50 au dessus des P.H.E.N .
Le service de la Voirie routière décida en outre et pour les besoins éventuels des armées en temps de guerre, de reconstruire un pont à 2 voies charretières. Le projet du 26 septembre 1922 présenté par l'entreprise POLART de Paris fut approuvé le 22 août par l'ingénieur en chef et réalisé.
Le pont est métallique, à travée unique de 49m00, il présente une largeur totale de 8m90 dont une chaussée de 5m50 et 2 trottoirs de 1m70. Le tablier se compose de 2 poutres principales écartées de 7m50 d'axe en axe du type «  semi parabolique » à triangulation double système PRAT et contreventement supérieur partiel, reliées par des entretoises de 0m60 de hauteur et écartées de 2m33. Les trottoirs sont en encorbellement sur les poutres principales. Le platelage est constitué par des voûtains en béton armé entre entretoises, une forme en béton et une chaussée en pavés d'asphalte comprimé. Les trottoirs en encorbellement de 1m00 sont constitués par une dalle en béton armé sur consoles métalliques et longeron de rive. Les culées subsistantes qui présentaient une largeur moyenne de 5m00 seulement, c'est-à-dire insuffisante pour recevoir le nouveau tablier, ont été munies d'une poutre caisson en B.A de 7m50 de longueur constituant appui aux poutres principales. Dans le même ordre d'idée, des poutres transversales, également en B.A, et prolongées en consoles supportent les trottoirs disposés en encorbellement sur les culées et en prolongement de ceux de l'ouvrage. La hauteur des poutres principales dans leur partie médiane a permis d'adopter un contreventement étant renforcés de manière à former portique et à s'opposer aux efforts latéraux engendrés par le vent.
Certaines modifications ont été apportées en cours de reconstruction, à savoir :
    •  Construction d'une pile et de palées en charpente avec rampe d'accès pour l'établissement d'un passage provisoire
    •  Ripage d' un pont Pigeaud endommagé sur appuis provisoires
    •  Démolition des maçonneries des culées en mauvais état et reconstruction des culées avec berceaux en béton armé
    •  Démolition de la pile après achèvement de l'ouvrage.
Le pont fut de nouveau détruit en 1940. Les culées ont été endommagées mais sont réutilisables. Il sera reconstruit à son ancien emplacement.
1946
Le pont permettait à la rive droite dans la partie comprise entre OSLY COURTIL et ROCHE d'être desservie par la gare de FONTENOY. Depuis la destruction de cet ouvrage, la traversée de l'Aisne est assuré aux piétons de 6h à 20h par une barque pouvant transporter huit personnes, mais le trafic des véhicules de la rive droite qui se rendait par la gare de FONTENOY est maintenant assuré par les gares de MERCIN et VIC sur AISNE. Il en résulte une augmentation de parcours de l'ordre de 10km pour des exploitations agricoles totalisant environ 1100 hectares. Quant à la superficie cultivée rive gauche par les habitants de la rive droite est d'environ 30 hectares. Il est souhaitable que l'ouvrage détruit soit reconstruit au plus tôt.
1947 ( le pont actuel )
Ce nouveau pont , reconstruit au même emplacement que l'ancien, est un ouvrage en charpente métallique rivée en acier AC42 dont les poutres principales sont à triangulation du système PRATT de hauteur variable. L'ouverture entre parements des culées est de 47m18, la portée entre axe des appareils d'appuis est de 49m00 et la longueur totale du tablier est de 50m00 pour une largeur de 8m90.
Chaussée et trottoirs
L'ouvrage livre passage à une chaussée de 5m50 et à 2 trottoirs de 0m975 de largeur utile chacun et de 1m70 de largeur nette placés en encorbellement. La chaussée est constituée par un pavage mosaïque de 0m09 d'épaisseur sur forme en sable de 0m04 reposant sur une chape en asphalte de 0m01 d'épaisseur. La chaussée et la chape sont supportées par une dalle en béton armé formant platelage de 0m16 d'épaisseur. Les trottoirs sont formés d'une dalle en béton armé de 0m10 d'épaisseur et recouverte d'une chape bouchardée de 0m02 d'épaisseur. Le garde-corps est constitué par 4 lisses tubulaires de 50x60 et des montants en U de 80x45x6.
Tablier L'ossature métallique du tablier est constituée de 10 panneaux de 4m900 reliés entre eux par 4 cours de longerons. Les longerons centraux, de part et d'autre de l'axe longitudinal du pont, sont distant de 2m00, les longerons de rives à 1m850 de longerons centraux et les longerons de rive de trottoirs à 1m60 des longerons de rive du tablier.
Poutres principales
Les poutres principales sont distantes de 6m50 d'axe en axe. La membrure supérieure a un profil supérieur de 99m139 de rayon. La hauteur hors cornière des poutres est de 6m50 dans l'axe de l'ouvrage et de 3m50 au droit des appuis. Un contreventement supérieur entretoise les membrures supérieures symétriquement par rapport à l'axe transversal de l'ouvrage sur une longueur de 24m50. Un contreventement inférieur existe sur toute la longueur du tablier. Chaque poutre maîtresse repose sur les culées par l'intermédiaire d'un appareil d'appui fixe à une extrémité et mobile à l'autre en acier moulé.
Culée Elles sont en maçonnerie sauf les sommiers en béton armé. La culée proprement dite repose sur un socle à redans de 3m00 de hauteur, d'épaisseur variable de 2m20 à 1m40 et d'une longueur totale de 6m00. En arrière des culées se trouve une voûte en maçonnerie, dont l'axe longitudinal est parallèle à celui de la chaussée. L'épaisseur à la clé est de 1m35 et sa longueur totale de 5m623.

DOSSIERS : ( Archives Départementales de L'Aisne : N° 1 WPR 142 )  -  ( dossier Mairie de Pasly : Extrait du livre "Fontenoy, un village se raconte" )
Situation du pont