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Le
pont de Saint-Waast était
appelé, avant la grande guerre, le Vieux
Pont ( on lui donna ce nom de Vieux Pont à partir
du moment où il y eut le Nouveau Pont : le Pont du mail
, ouvert à la circulation en 1903) . Le pont primitif
avait été construit en 825 puis remplacé par
un autre en 1265. Les allemands le détruisirent en septembre
1914 et les Anglais le rétablir entre les deux guerres,
d'ou son nom de Pont des Anglais.
Détruit en 1940 puis reconstruit en 1950 sous forme
d'une passerelle piètonne, on la nomme aujourd'hui la Passerelle
des Anglais.
Pendant
des siècles le pont Saint-Waast fut le seul et unique
pont donnant passage à la N 2. Il reliait la ville aux
faubourgs Saint-Waast et Saint-Médard, et conduisait
en droite ligne à l'abbaye Saint-Médard
et au palais de Croicy (demeure des premiers rois de France).
L'origine de la construction du pont remonte à une date fort lointaine.
Si l'on en croit la légende « le diable serait passé par
là » d'ou son surnom de " Pont du Diable "
L' historien Melleville rapporte qu 'au Ve siècle l' architecte
qui avait entrepris la construction du pont pour relier la ville aux
faubourgs ne tarda pas à se trouver arrêté par les
difficultés de l' entreprise. Ne sachant plus comment s'y prendre
il fit un pacte avec le diable. Celui-ci consentit à faire sa
besogne mais sous la condition que le pont une fois bâti, tout
treizième individu qui passerait dessus lui appartiendrait.
Dès le
lendemain le pont était fini. Tout aussitôt le
diable se mit à prélever son droit et chaque
homme, femme ou enfant qui le traversait à la suite
de douze autres était enlevé par lui et disparaissait.
Saint Waast, évêque d'Arras, passant par Soissons fut instruit
de la terrible convention, et tout aussitôt résolut de ravir
au diable sa proie quotidienne. A son tour, il se dirigea vers le pont à la
tête du clergé. Devant lui marchaient douze enfants de chour,
il s' avança le treizième prêt à combattre.
A peine a-t-il fait quelques pas sur le pont qu'il aperçoit de
l' autre côté deux cornes énormes sortant de dessous
terre; au fur et à mesure qu 'il avance le diable dégage
sa tête puis ses épaules, puis son corps, et, au moment
où l' évêque touche l' autre rive le diable entièrement
sorti de terre veut se jeter sur lui. Mais le prélat saisissant
d' une main un goupillon plein d' eau bénite l' en asperge tandis
que de l'autre il lui jette son étole autour du cou pour le maîtriser.
Il le conduit ainsi en laisse vaincu et soumis jusqu'à une haute
tour voisine ( la tour du Diable ou Lardier cf. rue Notre Dame ),
où il le renferma avec défense d'en sortir avant un an
et seulement par la lucarne du haut de l'escalier. Or, cet escalier n'avait
pas moins de 365 marches. Saint Waast lui commande encore de n'en pas
franchir plus d'une par jour.
Dès lors les habitants purent passer sur le pont sans crainte
d'être enlevés par le diable. Jusque l'an 1755 chaque année
le 6 février (date anniversaire de la mort de saint Waast), le
clergé allait en procession renouveler l'exorcisme du saint
et asperger la tour Lardier d'eau bénite . Ce pont fut reconstruit
vers 1265 aux frais communs des habitants de la ville. C'était
un ouvrage à six arches ogivales comportant cinq piles en rivière.
(cf. une des arches au parc Saint-Crépin, au-dessus du bassin).
Le pont Saint-Waast sera jusqu'au début du XX e siècle,
le seul pont existant sur l'Aisne à Soissons.
Le pont était constitué primitivement
par 6 voûtes ogivales en maçonnerie d'ouverture
inégales, prenant appui sur deux culées
et sur cinq piles massives qui constituaient un obstacle
sérieux à l'écoulement des eaux.
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A son
origine le pont était défendu par une tour fortifiée
nommée châtelet ou donjon qui se trouvait à l'entrée
de la ville, tenant à l'hôtel commun (avec son beffroi,
sa bannière, son pilori). Plusieurs petites maisons, un
moulin et une croix étaient édifiés sur le
pont même.
Le pont Saint-Waast reçut la visite d'importantes personnalités,
le 23 juillet 1429 Charles VII et Jeanne d'Arc suivis de toute la cour
furent accueillis sur le pont (d'après le protocole de l'époque
les réceptions royales devaient avoir lieu en dehors de la ville),en
grand honneur, par le clergé régulier et séculier,
les gouverneurs dans leurs habits de cérémonie, les
corps de métiers défilèrent successivement, quant
au petit peuple, il s'empressa à l'entour et aux cris mille fois
répétés de « Vive le Roy , Vive la Pucelle ».
Pour pauvres qu'ils étaient après tant d'années
de luttes intestines les Soissonnais se firent un honneur d'offrir des
présents de bienvenue: une queue de vin suret, deux barbeaux et
six moutons . Avec quel bonheur Jeanne souriait à tout ce peuple
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1544
Charles Quint et sa suite le traversèrent pour aller s'installer
dans l'abbaye Saint-Jean-des-Vignes afin de préparer le traité de
Crépy en Laonnois. Napoléon le franchit en 1814 au retour
de la bataille de Laon, et le 12 juin 1815, déjeunant à la
Sénatorerie (ancien palais de l'Intendance, aujourd'hui l'Hôtel
de Ville) avant de repartir vers la Belgique. Son dernier passage fut
dans la nuit du 20 juin 1815 après Waterloo.
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1886
on remplaça les deux premières voûtes, coté rive
gauche, par un arc métallique articulé aux naissances et
la 3éme voûte par une voûte en arc de cercle.
Les caractéristiques sont
les suivantes :
* Un
arc métallique de 22m50 d'ouverture
* Une
voûte en arc de cercle de 8m80
* Trois voûtes ogivales de 8m80, 5m40
et 4m70 Séparées par des piles dont les épaisseurs étaient
respectivement 3m00, 3m40, 3m00 et 2m60
Bien que le pont fût en dos d'âne avec des pentes supérieures à 3cm
par mètres et que l'épaisseur totale du pont dans l'axe
de la première travée fût fort réduite ( 0m44
y compris la chaussée ) la cote du côté supérieur
du rectangle de navigation n'était que de 43m69 ( bourdaloue)
alors que, pour réserver un tirant d'air de 3m70 au dessus des
plus hautes eaux de navigation, elle eût dû être de
( 40m60 - 3m70 ) soit 44m30 ( bourdaloue )
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Au
cours de la guerre de 1914-1918,
la travée métallique et la première travée
rive droite furent détruites. La première pile rive
gauche est fortement fissurée au point que la deuxième
travée a dû être consolidée par un cintre,
enfin la première pile rive droite est légèrement
fissurée. Le 1er septembre 1914 l'ennemi occupait
le faubourg Saint-Waast, les maisons furent enflammées par
des équipes spécialisées ennemies, puis le
pont fut miné et sauta ... Ce sont les Anglais, nos alliés,
qui se chargèrent de le remonter ( pont type Cantilever
, 1 volée de 62m, largeur 7m ). Jeanne d'Arc n'avait sans
doute pas prévu que ce pont par lequel elle voulait courir
sus aux Anglais serait un jour reconstruit par leurs soins ! Et
que pour les remercier la municipalité élèverait
le monument des Anglais, que l'on voit square Saint-Pierre. Ironie
du sort: la plaque commémorative du passage de Jeanne d'Arc à Soissons,
est juste en face, au coin des rues de la Bannière et Charpentier.
Les alliés quittèrent Soissons en y laissant une
oeuvre durable qui prendra tout naturellement le nom de " pont
des Anglais". Il ne sera remplacé qu'en 1932 par un
ouvrage à une
seule arche, tandis qu'une partie du vieux pont sera conservée
dans le parc Saint-Crépin.
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1932
le projet de reconstruction du Pont des Anglais sur l'Aisne à Soissons,
a été accepté par décision ministérielle,
le montant des dépenses autorisées et, sauf déduction
du rabais d'adjudication, a été fixé à 1 700 000
frs. Agissant par délégation spéciale à lui
donnée par la décision du 14 mars 1929, M l'ingénieur
en chef de l'Aisne à approuvé le projet à la
date du 16 mars 1929. Les travaux ont été adjugés
le 31 octobre 1929 à M CARONI, entreprise de travaux publique
de Lille, moyennant un rabais de 5% et le marché à été approuvé par
M. le Préfet le 4 novembre.
C'est un pont en béton armé du type Cantilever à culées équilibrées.
Il a une portée unique totale de 62m, la largeur de la chaussée
et de 7m avec 2 trottoirs de 1m85 chacun. Il est mis en circulation en
1932. Pendant la construction, un pont provisoire sera installé par l'armée
sur les piles du pont du Génie. |
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1940
il
est de nouveau détruit pendant la deuxième guerre.
Moins détruit que les 2 autres ponts de Soissons ( Pont
du Mail et Pont Gambetta ), les volées ont été coupées
au dessus des rotules. Les consoles subsistent sous le remblai,
elles sont fissurées et inutilisables. Les rotules qui
n'ont pu être examinées au moment du déblaiement
paraissent aussi avoir souffert, et leurs pieux sont cisaillés. |
1946
Un examen approfondi de l'état du Pont après sa destruction
de 1940, fait apparaître que les volées d'équilibrage
ainsi que les rotules d'appuis fondées sur leurs pieux sont réutilisable
pour une passerelle pour piétons et cyclistes de
2m76 de largeur utile du même type que l'ouvrage détruit.
Cette largeur utile de la passerelle a été déterminée
en fonction de l'écartement des consoles servant d'appuis.
Le tout émis en vue de rendre cet ouvrage accessible aux voitures
de tourisme ne saurait être pris en considération. Cette
passerelle sera située à moins de 300m du Pont Gambetta
et à 350m du pont du Mail, assurant tout deux une liaison convenable
du faubourg Saint-Waast avec l'agglomération principale.
La nécessité de franchir l'Aisne au droit du pont des Anglais
avec des voitures légères ne paraît pas défendable
et rien ne la justifie si l'on considère qu'un détour de
300m pour quelques rares usagers automobilistes n'est pas une gène à retenir.
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1950
La passerelle des Anglais
est donc reconstruite, elle est du type CANTILEVER, droit, comportant
deux culées équilibrées de 21,30m de portée
chacune et une poutre centrale de 20,50m de portée suspendue aux
culées par des dispositifs aménagés dans 2 joints
de construction de 0,08m chacun. L'ouverture libre de l'ouvrage est de
62,20m.
L'intrados est constitué successivement par une ellipse sur 25,84m à compter
de l'axe de l'ouvrage puis par un cercle de 4,96m de rayon tangent à l'ellipse
au point d'abscisse 25,84 et d'ordonnée 2,593. La chaussée
a 3,50m de largeur utile entre garde corps, la largeur totale de l'ouvrage étant
de 4,00m.
L'ensemble du pont est constitué par une poutre caisson comprenant
trois poutres reliées par des hourdis inférieur et supérieur
et solidarisées par des entretoises.
Dans
la travée centrale de 20,50m de portée, le hourdis supérieur
a 0,10m d'épaisseur uniforme, le hourdis inférieur 0,06m
et les 3 poutres 0,13m de largeur. La hauteur est variable. Cette travée
comporte 5 entretoises dont une à chaque extrémité.
Dans les volées, le hourdis supérieur a une épaisseur
uniforme de 0,08m et le hourdis inférieur d'une épaisseur
variant de 0,12m à 0,40m. Les poutres ont 0,20m de largeur, les
entretoises d'extrémité sont triangulées dans leur
partie inférieure, la partie supérieure devant laisser
libre le passage des canalisations.
Le profil en long de la chaussée symétrique par rapport à l'axe
de l'ouvrage se compose d'une parabole de 26,40m de corde pour 0,33m
de flèche, se raccordant de part et d'autre à une pente
de 5%. Le revêtement est constitué d'une chape de 0,02 d'épaisseur
passée à la boucharde roulante. Les gardes corps sur l'ouvrage
sont métalliques et les culées comportent des parapets
en béton. |
DOSSIERS : ( Direction Départementale
de l'Equipement : N° 722 ) - (bibliothèque
: Extrait du livre "SOISSONS son histoire illustrée" de
Geneviève Cordonnier )
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