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De
tous les temps, Pommiers a été un lieu de passage
sur l'Aisne. Le BAIL du Bac de Pommiers du 28 décembre
1746 et l'extrait de la Carte de Flottage de la rivière
Aisne établi en 1765 indique qu'un BAC existait à Pommiers.
Ces cartes ont été tracées pour améliorer
le flottage du bois à destination de Paris qui connaissait
une grande pénurie en bois de chauffage et de construction.
Le passage du Bac se trouvait environ au niveau de la base
nautique actuelle.
Le Bail du Bac ( lire )
 1841
un grand ouvrage suspendu était
projeté pour livrer passage à la " ligne
de grande vicinalité N° 17 " conformément à l'ordonnance
Royale du 23 août 1841 et au cahier des charges qui y était
annexé. Cet ouvrage d'une seule travée devait
avoir une ouverture de 44m, une largeur utile de 8m entre garde
corps ( chaussée de 6m et 2 trottoirs de 1m ) et un
sous poutre de 7m80 au dessus des plus basses eaux d'étiage.
La chaussée sur cet ouvrage devait être en bois.
Le pont devait pouvoir supporter une charge de 200kg/m².
* Devant la dépense considérable sans doute peut-être
faute de soumissionnaire, le projet était ramené à des proportions
plus modestes par ordonnance royale du 26 janvier 1844. La largeur entre garde
corps en particulier était réduite à 4m40 soit une chaussée
de 2m20 et 2 trottoirs de 1m10 chacun, par contre l'ouverture était portée à 50m,
les autres prescriptions demeurant inchangées.
* Cet ouvrage ne fut subventionné ni par l'Etat, ni par le
Département et ni par les Communes. Il fut concédé à M.
BERNARD auquel fut substitué plus tard M. BAYARD de la Vingerie. Pour
lui permettre de récupérer le capital engagé dans la construction
de l'ouvrage et l'aménagement des abords, il fut autorisé à percevoir
des péages identiques à ceux versés pour le bac pendant
25 ans et 3 mois soit du 21 janvier 1846, date de l'ouverture à la circulation,
au 20 avril 1871. Le 21 avril 1871 la totalité des installations devait
revenir à la voie publique pour laquelle il avait été établi.
* Ce pont consistait en un tablier en bois porté de chaque
coté par un simple câble en fil de fer passant sur des colonnes
en maçonnerie et amarré dans les culées. Par mesure de sécurité,
le passage des lourdes voitures y était interdit ce qui s'était
avéré très gênant pour les transports.
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 1874
Au lieu de remplacer simplement le tablier détruit en 1871 du
premier pont de 1846, et pour améliorer la circulation, les services
locaux désiraient établir un pont fixe métallique.
Il dressait un projet de pont avec pile en rivière à 2
travées s'appuyant à ces extrémités sur les
culées conservées. Bien que tous les ponts situés
entre FONTENOY et MAIZI fussent avec piles en rivière, le Service
de la Navigation s'opposa ( 2 septembre 1871 ) pour diverses raisons à la
réalisation de ce projet, exigeant un ouvrage d'une seule travée.
* En
1872, un nouveau projet de pont d'une seule travée fut donc dressé et
fut construit en 1874. Longueur de l'ouvrage 52m80 dont 50m entre culées,
chaussée de 2m30 plus 2 trottoirs de 0m95 chacun et poutres formant garde-corps.
Le tablier métallique reposait sur les anciennes culées qui reçurent à cet
effet un couronnement en pierre de taille.
* Il était
calculé pour supporter soit une charge répartie de 400gkg/m²,
soit une voiture à 2 roues pesant 9 tonnes, et non comme l'avait demandé le
Ministre des T.P, pour résister aux charges prévues au règlement
du 15 juin 1869 ( surcharge morte de 40 kgs/m² et surcharges roulantes composées
par une série de véhicules à 4 roues pesant 16 tonnes chacun
et régnant sur tout l'ouvrage ) ceci à cause de la proximité du
Pont Saint-Waast à SOISSONS, qui étant en maçonnerie, pouvait
supporter ces véhicules que le Service Vicinal estimait exceptionnel.
* Cet
ouvrage revient après expiration de la concession au Service Vicinal du
Département de l'Aisne, et resta en service jusqu'à la première
guerre au cours de laquelle les Allemands firent sauter le tablier métallique
en 1917 lors de leur retraite sur la ligne Hindenburg.
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 1917
Aprés la destruction du pont métallique par les Allemands,
le Génie Français rétablit la circulation entre
les mois de mai et juillet 1917 en établissant un pont de type
Pigeaud.
* L'ouvrage à construire devait franchir
la brèche sans appuis intermédiaires puisque les débris
de l'ancien pont obstruaient la rivière et que les délais désirés
pour la réfection de l'ouvrage ne permettaient pas d'entreprendre un déblaiement.
* On utilisa pour ceci un pont primitivement
destiné au franchissement de l'Aisne à PONTAVERT en remplacement
d'un ouvrage commun à la route et à la voie métrique détruit
par les Allemands au début du mois de mars et oû les travaux exécutés
sous la vue de l'ennemi avaient dû être interrompus par suite de
bombardements intenses et persistants.
* Le pont devant pouvoir supporter les charges
du règlement de 1891, il était nécessaire de recourir à un
système suspendu que l'on choisit à 3 travées pour augmenter
le nombre des points de suspension et diminuer les efforts pour les câbles.
* Les travaux de terrassements furent exécutés
du 21 mai au 30 mai 1917, le bétonnage des massifs d'encrage du 31 mai
au 4 juin, la réfection des culées et supports de pylônes
du 24 mai au 3 juin, le montage des pylônes du 1 au 6 juin, la mise en
place des câbles du 6 au 11 juin. Le 12 et 13 juin on lançait les
travées de rives de 20m de longueur chacune, le 16 juin la travée
centrale de 12m50 de longueur et le 25 juin 1917 le pont était en service.
* Il devait le rester pendant moins d'un
an puisqu'il fut détruit au cours des attaques de 1918. Le génie
français rétablit dès qu'il le pût la circulation
en procédant au montage d'un pont PIGEAUD identique à celui que
l'on avait fait sauter. Cet ouvrage resta en service après ripage en 1930
pour dégager les culées, jusqu'en 1932, époque à laquelle
le pont définitif fut livré à la circulation.
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 1932
C'est un pont en béton armé de type suspendu. Il a une
portée de 52m92, une ouverture entre culées de 50m12, la
largeur de la chaussée et de 5m50 avec en plus 2 trottoirs de
0m70 chacun soit une largeur totale de 6m90. L'écartement des
axes des poutres est de 7m60.
Les anciennes culées qui portaient le pont à une voie avant
1914 ont été conservées. Ce dernier était
assez léger. A la reconstruction en 1931, on avait recueilli que
très peu de renseignement à leur sujet, si bien qu'on fut
amené pour leur élargissement à construire 2 pylônes
adjacents reposant sur des pieux en béton armé battus à cette époque.
Pour le pont proprement dit, les arcs de fibre moyenne parabolique de
8m de flèche et de 52m92 de portées, étaient supportés
par des pylônes et des haubans solidarisés à des
massifs d'encrage.
Les arcs et haubans formaient pièces continues dont chacune comportait
un faisceau de 166 aciers de 14mm d'une seule longueur de 112m.
Les massifs d'encrage étaient constitués par une dalle
armée aux abords inclinés à 45° et recevait
le remblai de surcharge. Cette dalle était encrée dans
le terrain de fondation par un système de bêches et de pieux.
* Aux arcs étaient accrochées
des suspentes qui supportaient le tablier et les poutres de rigidité.
Ces poutres, de 52m87 de longueur, présentaient une contre flèche
parabolique de 0m30. Ses extrémités étaient logées
et reposaient, pour empêcher le soulèvement, dans des alvéoles
ménagées dans les pylônes. L'un des appuis était fixe,
l'autre constitué par un balancier de façon à permettre
la libre dilatation de l'ouvrage.
Les suspentes étaient fixées au droit des entretoises qui
ressortaient en saillie sur le nu de la poutre et qui supportaient les
dalles sous chaussée, les longerons de rive, et par l'intermédiaire
de ces derniers, une partie des trottoirs.
* Les extrémités du tablier étaient
supportées par les entretoises d'about qui formaient en même temps
garde grève et reposaient sur le sommier par l'intermédiaire d'une
feuille de plomb de 5mm d'épaisseur qui permettait la libre dilatation
du tablier et réduisait les frottements.Les calculs avaient été établis
conformément à la circulaire ministérielle du 10 mai 1927.
Le pont a été détruit
au cours des hostilités de juin 1940. Le tablier fut entièrement
démoli mais les culées, malgré de nombreuses fissures
paraissent réutilisables. Il
sera remplacé par une passerelle provisoire en bois à une
voie.
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 1941
Aprés la destruction du pont en juin 1940 , un pont provisoire
a été construit par le service des Ponts et Chaussée
et livré à la circulation en juillet
1941. C'est un pont à une seule voie charretière
de 8m50 de largeur constitué par des travées métalliques
reposant sur des palées entièrement en bois. Situé à 10m
en aval de l'ancien ouvrage définitif et à 400m en aval
d'un tournant de la rivière, il constitue une gêne sérieuse
pour la navigation, à un tel point qu'i a été heurté assez
violemment en décembre 1941 par une péniche et endommagé par
une autre en mars 1942 alors que le niveau de l'eau était voisin
de la retenue normale.
* Les pieux battus dans un terrain très
affouillable ne sont plus, en certains points, enfoncés que de quelques
décimètres dans le lit du cours d'eau alors que la flèche
de battage était en moyenne de 2m50. Deux pieux complètement affouillés
qui flottaient à la surface de l'eau ont nécessité un renforcement
coûteux de 2 palées en 1945. De plus, l'état général
de ce pont provisoire nécessitera dans quelques mois de sérieuses
réparations.
* La navigation s'avère difficile
en cet endroit de la rivière, comme le désire le service des voies
navigables, il y a lieu d'envisager le rétablissement du passage à une
seule travée. Les anciennes largeurs de chaussée et de trottoirs étaient
satisfaisantes, la circulation sur ce pont est en effet essentiellement agricole,
plusieurs fermes de la rive droite de l'Aisne cultivant les terres situées
sur la rive gauche.
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 1948
( le pont actuel )
Une décision Ministérielle en date du 20 mai 1942 a invité le
chef du Service Central d'Etudes Techniques à prêter le
concours de ce service aux ingénieurs du Département de
l'Aisne pour l'étude du projet de reconstruction du pont.
Le choix de la nature du nouvel ouvrage a été dicté par
la nécessité de conserver, en vue de l'économie
du projet, les fondations de l'ouvrage précédent. Il fallait
donc un ouvrage ne donnant que des réactions d'appuis verticales
du même ordre de grandeur que celles de l'ouvrage détruit
qui était un pont suspendu en béton armé. On a été ainsi
conduit à prévoir un bow-string en béton armé.
Les dimensions générales de l'ouvrage sont conformes aux
dimensions qui nous ont été fournies par les ingénieurs
du service local et respectent le gabarit de navigation. La construction
de ce pont fut passée par entente directe en mai 1948 à la
Sté SCHNEIDER et Cie de Paris pour la somme de 15.643.070 frs.
* C'est un pont en béton
armé, de portée d'axe en axe des appareils d'appuis de
52m92, la longueur totale des poutres est de 56m52 et l'ouverture entre
parements des culées est de 56m52. L'ouvrage livre passage à une
chaussée de 5m50m de largeur et à 2 trottoirs de 0m70.
Les poutres principales de type bow-string sont distantes de 7m60 d'axe
en axe. La fibre moyenne de l'arc est une parabole de 9m12 de flèche
pour 52m92 de corde. La fibre moyenne du tirant est, ainsi que l'axe
de la chaussée, une parabole de 0m30 de flèche pour 52m92
de corde. L'arc et le tirant sont reliés entre eux par des aiguilles
de 0m64 x 0m25 de section placées au droit de chaque pièce
de pont.
Chaque poutre maîtresse repose sur les culées par l'intermédiaire
d'un appareil d'appui fixe à une extrémité et mobile à l'autre.
Ces appareils sont en béton armé et fretté. Ils
sont constitué, du côté fixe, par une simple articulation
du type Freyssinet. Les appareils mobiles comportent 2 articulations
superposées réunies par un pendule en béton fretté de
1m50 de hauteur, 0m50 de longueur et de 1m10 de largeur.
Le tablier est constitué par une dalle en béton armé de
0m17 d'épaisseur, parallèle au profil de la chaussée,
encastré d'une part, dans les tirants et dans le longeron central,
et d'autre part, dans les pièces de pont qui sont espacés
de 3m50 d'axe en axe.
* La chaussée sur tablier
est constituée d'un pavage mosaïque qui comprend des pavés
de 0m09 de hauteur posés sur 0m03 de sable reposant sur une chape
en ciment de 0m02 d'épaisseur. Le profil en travers de la chaussée
comporte 2 versants plans de 1m75 chacun, présentant une pente
de 0m02 dirigée vers les caniveaux. Ces versants plans sont raccordés
par une parabole de 2m de longueur et de 0m01 de flèche. Le bombement
total de la chaussée est donc de 0m045.
 Les
trottoirs présentent une pente transversale de 0m015 dirigée
vers les caniveaux. Ils sont recouverts d'une chape bouchardée
en mortier de ciment de 0m02 d'épaisseur établie sur un
remplissage en béton maigre. Leurs bordures, en pierre dure, ont
0m20 de largeur et 0m30 de hauteur. Elles font saillie de 0m18 sur le
fond du caniveau.
Le garde corps placé dans l'axe des poutres bow-string, comprend
2 lisses en tube de 50/60 et trois sous lisses de tubes de 33/42. Ces
tubes sont fixés aux aiguilles par l'intermédiaire d'appareils
composés d'une semelle de 160x12 sur laquelle sont soudés
des manchons de 0m05 de longueur qui reçoivent les extrémités
des tubes.
* Chaque culée comporte un
mur de face en béton de 3m25 d'épaisseur sur 9m60 de longueur établi
sur les fondations de l'ancien ouvrage qui comprennent 2 groupes de 6
pieux en béton armé de 0m30 x0m30 enrobés dans les
massifs de béton maigre et dont les têtes sont noyées
dans un massif de béton de 0m40 d'épaisseur. Le mur de
face est armé de 2 rampes de rails, et en arrière de ces
murs de face on conserve les dispositions de l'ancien ouvrage qui comprennent
des murs en retour surmontés d'encorbellements.
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DOSSIERS : ( Archives Départementales
de L'Aisne : 1 WPR 76) - ( Mairie
de Pommiers )
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