|
1860
Le chemin de fer de Soissons à la frontière Belge traverse
l'Aisne a environ 1500 mètres de la station de Soissons sur un
viaduc construit en 1860 à 3 arches, chacune d'elles ayant 21m75
d'ouverture.
1870
le génie militaire avait,
pour les besoins de la défense de la ville et du territoire,
jugé qu'il fallait détruire cet ouvrage. Des chambres
de mine, au nombre de 4, établies lors de la première
construction dans la culée vers Soissons et dans la pile
la plus voisine de cette culée furent chargée chacune
de 150kg de poudre. L'explosion eut lieu dans de bonnes conditions,
2 arches s'effondrèrent et laissèrent un vide 50 à 60m
. Le but qu'on s'était proposé était atteint.
Par suite de la cohésion des mortiers, conséquence de la
bonne exécution du premier travail, l'arche vers Laon, arche marinière,
ne tomba pas, et la pile résista à la poussée de
la voûte restante. La conservation de cette partie de l'ouvrage
empêcha de remplacer les voûtes en maçonnerie par
un tablier métallique.
1871
On
du donc se résoudre à reconstruire suivant l'ancien
modèle les 2 arches démolies, mais pour diminuer
la dépense, et surtout pour arriver à un achèvement
plus rapide, on n'employa pas les mêmes matériaux
que dans la première construction. Au lieu de pierres
de taille et de moellons d'appareil, on refit toute la partie
démolie en moellons bruts avec parements mosaïque.
Toute les voûtes, têtes, tympans et culées
furent exécutés de la même manière.
Mais comme l'appareil nouveau présentait une différence
très grande avec l'ancien, on inscrivit au milieu des
tympans de la partie reconstruite la date
de 1871 au moyen de petits moellons bruts des carrières
du Nord, dont la couleur bleu tranche d'une façon bien
nette sur le fond blanc du parement général. L'inscription
de cette date à pour objet d'indiquer la cause de cette
variété de construction dans un même ouvrage,
et de rappeler aux générations futures la terrible
invasion de cette année.
* La question la plus épineuse de la reconstruction du viaduc était
la confection des cintres. On ne pouvait se risquer pour les supporter à battre
des pieux dans la rivière. Il est évident que l'arche restante
ne tenait que par la simple cohésion des mortiers, et quelle se trouvait
dans équilibre instable, que les secousses produites par le battage pouvaient
détruire.
On fut donc amené à prendre le point d'appui uniquement
sur les caissons et sur les socles des piles. On arriva à un beau
travail comme charpente, mais l'écartement des supports amena à des
longueurs de bois qui rendirent l'exécution plus difficile. A
l'époque où l'on se mit a l'ouvre, on ne trouvait pas de
bois d'un semblable échantillon dans le pays, et les communications
avec les grands chantiers étaient excessivement lentes. On prit
alors le parti d'acheter des arbres en grume, de les débiter,
de les acquérir et de les façonner. C'était un gros
travail qui fut enlevé rapidement, et, 2 mois après que
la reconstruction fut décidée, les cintres étaient
en place. On entrepris alors la maçonnerie des voûtes qui
furent faites au mortier de ciment de Portland et au dosage de 325kg
de ciment pour un mètre de sable. Un système peu connu
qui a été employé par M. l'Ingénieur en chez
Belgrand, pour les ponts aqueducs de la Dhuys fut appliqué ici.
Comme pendant la marche du travail les cintres ne cessent de travailler
sous la charge variable qui pèse sur leurs diverses parties, M.
Belgrand a eu l'idée de ne pas maçonner la partie ou se
trouve le point de rupture. Les voûtes entières furent maçonnées
sur toute leur épaisseur en 20 jours.
A partir de ce moment le travail suivit la marche ordinaire et la circulation
fut rétablie 65 jours après la mise en place des cintres.
Le décintrement, fait 15 jours après la fermeture des voûtes,
ne produisit pas même un mouvement d'1 millimètre. Habillement
dirigé par M. Solle, ingénieur des Ponts et Chaussées
attaché à la compagnie du nord, ce travail ainsi que celui
du viaduc d'Origny ont été exécutés par M.
Favret-Ansart entrepreneur de chemins de fer.
1917
Installation d'un pont provisoire aprés sa destruction
en 1914 |
|
1918
Légende
de la carte postale :
IN MEMORIAM
Le 28 août 1918, à cet endroit même, a été tué le
Sapeur Mineur FULCONIS Robert-Alphonse-André Jean du 21 ème
Génie, Compagnie 22/13 " Mort
héroïquement en retour d'une mission périlleuse "
"S'est jeté volontairement à l'eau pour porter sur la
rive opposée fortement tenue par l'ennemi, un cordage destiné à permettre
le passage de l'Armée Mangin, lancée à la poursuite des
Allemands "
Le père de ce soldat qui était
secrétaire du conseil général d'Alger, demanda
le 23 novembre 1919 à M. Houbron, maire de Villeneuve,
d'accepter la remise d'une plaque commémorant cet acte
de bravoure, et de l'apposer sur la pile du pont de chemin de
fer. Il demanda aussi qu'une rue de la Commune porte le nom de
son fils, ce qui fut fait en 1967.
1940
Le pont est de nouveau détruit, les Allemands reconstruiront
un pont provisoire fin 1940 à l'aide de tabliers Marcille sur une seule
voie laissant ainsi l'autre côté libre pour la reconstruction
du 1/2 pont côté voie gauche.
Ces travaux se sont étalés du 5-07-1941 au 16-08-1941.
Ils ont portés sur la reconstruction de l'arche centrale
et celle côté Soissons, et de la reconstruction de la pile
et de la culée côté Soissons. |
|
|
Durant les années
qui suivirent, d'autres travaux importants seront effectués
pour redonner au pont sa robustesse d'origine.
Reconstruction définitive, de la voie droite, report de la circulation
sur la voie droite, dépose du pont provisoire, reconstruction
définitive de la voie gauche.
1947-
1948 ( le pont actuel )
C'est le 25 janvier 1947 que les épreuves de charge du pont ont
eu lieu. Etant donné les résultats satisfaisant des essais,
le passage des trains s'effectuera à 10km/h du 26 janvier au 31
janvier pendant la période du tassement du remblai et à 30
km/h à partir du 1 février 1947.
En janvier 1948, la circulation normale des trains dans les 2 sens a été rétablie
définitivement.
Depuis sa création en 1860, le pont sera reconstruit au même
endroit en gardant toujours son image de viaduc à 3 arches. C'est
un pont biais en béton armé composé de 3 arches
qui ont une ouverture sensiblement égale. Le pont livre passage à 2
voies normales, la largeur du tablier est de 8m06 et la distance entre
culées est de 71m70.
|
DOSSIERS : ( Bibliothèque de Soissons
: coupure de journaux de 1871 ) - ( SNCF )
|
|
|