Situation du pont
1920
Dans sa séance du 4 mai 1920, le conseil Général de l'Aisne a décidé la construction d'un raccordement à voie normale destiné à relier les 2 gares de Soissons-Saint-Waast et de Soissons-Nord. Ce raccordement emprunterait en particulier le boulevard de Metz, la rue Gambetta, la rue de l'Arquebuse et la rue du faubourg de Reims. Il franchirait l'Aisne sur un ouvrage à établir dans le prolongement du boulevard de Strasbourg et de la rue Gambetta. Le Conseil général a décidé également, sur la demande de la ville de Soissons, que le pont à construire livrerait passage à une voie urbaine, à condition que la ville prenne à sa charge une partie de la dépense correspondant à la construction de l'ouvrage et à l'aménagement des accès. Dans sa séance du 1 juillet 1921, le Conseil Municipal de la ville de Soissons adopte la proposition de M. le Maire et décide que la ville contribuera dans la proportion de 50% aux dépenses de ce projet.
Le projet fut mis au concours 1920-1921. Le 10 décembre 1921, l'entreprise GUINET frères et DURAND de Reims présentèrent un projet qui fut pris en considération, modifié à la demande de l'administration et finalement approuvé le 3 octobre 1922 par le préfet de l'Aisne.
1922-1925
Le pont Gambetta est un nouveau pont construit par le service des Ponts et Chaussées à la demande du Département de l'Aisne et de la ville de Soissons pour permettre le franchissement, à l'est de la ville, de la rivière Aisne par une voie urbaine ( rue Gambetta ) et la ligne d'intérêt local à voie métrique de Soissons à Rethel.
Le pont est en béton armé, biais à 70°30, d'une ouverture totale de 61m et comporte 2 arches symétriques par rapport à l'axe de la pile. Les arcs de 29m d'ouverture biaise et de 2m07 de flèche sont en anse de panier à 3 cintres. Le rayon de la partie centrale est de 120m sur 12m de corde, les 2 autres rayons sont de 25m. La largeur biaise entre les parements est de 10m, les trottoirs sont en encorbellement de 1m65 y compris les gardes corps. La largeur utile est de 13m dont une chaussée de 9m comportant dans son axe une voie ferrée métrique et 2 trottoirs de 2m. La chaussée est constituée par un pavage en bois reposant sur le hourdis des arcs par l'intermédiaire d'un renformis en béton maigre et d'un enduit. Les rails de la voie ferrée sont noyés dans la chaussée et reposent directement sur le hourdis à l'aplomb des 2 cloisons longitudinales. L'épaisseur de la voûte est de 0m40, celle du platelage de 0m20.
   * La pile en rivière est en béton, elle a 3m de largeur aux naissances et de 4m50 au niveau des fondations. Sa longueur biaise y compris les avants et arrières becs est de 15m50. Au dessus des retombées des arcs, la pile est surmontée d'une sorte de caisson en béton armé remblayé et recouvert par une dalle nervée en béton armé reliant le platelage des arcs. La pile repose sur une fondation en béton de 6m50 de largeur de 16m50 de longueur et de 3m50 de hauteur. Cette fondation repose sur un 80 pieux de hêtre de 0m30 de diamètre et dont la fiche varie de 4m50 à 5m50 ) Le béton de fondation a été coulé sous l'eau à l'intérieur d'un rideau de pieux et palplanches.
   * Les culées sont constituées par un massif de section trapézoïdale en béton ayant comme dimensions, 11m50 de largeur à la base et 4m au sommet, 5m75 de hauteur et une longueur de 14m20. Ces massifs reposent sur 150 pieux en hêtre de0m20 de diamètre et dont la fiche varie de 5m à 6m75. L'ouvrage a coûté 830 000 frs.
1940
Comme les 2 autres ponts de Soissons ( pont du Mail et pont des Anglais ) il fut détruit lors de la retraite de 1940.
1941
Ce pont provisoire reconstruit après la destruction du pont Gambetta offre à la circulation une chaussée de 6m et 2 trottoirs de 0m75. Il est calculé pour le passage d'un camion de 24T par voie et par travée et donne passage à une voie ferrée ( locomotive de 9m de longueur pour 34T et wagons de 6m49 pour 18T ). Il comporte 7 ouvertures ayant d'axe en axe de supports : 10m, 12m, 12m, 13m70, 12m, 12m, 12m. Sa longueur totale est de 83m70. Les 8 supports sont en charpente et ceux des culées sont fondés sur pieux. Les 2 supports les plus voisin de la culée rive gauche reposent sur des semelles en charpente. Les autres supports sont des échafaudages quadrangulaires moisés et contreventés reposant au niveau de la retenue normale sur des pieux. La hauteur de ces échafaudages est de 4m environ, les pieux au nombre de 12 à 16 par support ont un diamètre moyen de 0m35 et une longueur totale de 7 à 8m dont 3m50 à 4m50 de fiche. Les travées comportent un platelage en planche reposant sur un lit de madriers jointifs cloués sur des lambourdes boulonnées sur les IPN.
Cette même année une passerelle provisoire en bois à 2 rampes d'accès fut construite en face la rue de l'Intendance ( à l'emplacement même du Pont des Réfugiés ) , et en 1944 un deuxième pont provisoire appelé Pont Alexandre Dumas fut construit en face l'avenue Alexandre Dumas sur le Mail.
1948
Le pont provisoire construit en 1941 en remplacement du pont Gambetta détruit est actuellement le seul ouvrage pouvant être utilisé par le circulation routière intense qui emprunte les sections des routes nationales 2 et 37 ainsi que les voies secondaires situées de part et d'autre de la vallée de l'Aisne dans la région de Soissons. Son état est devenu assez précaire et nécessitera des travaux de consolidation et de renforcement très onéreux.
1949-1951 ( le pont actuel )
Reconstruction définitive de l'ouvrage détruit par faits de guerre. L'ouvrage avait d'abord été calculé pour le convoi routier de 1940, et compte tenu de la sujétion d'une voie ferrée d'intérêt locale ( voie métrique ) placée dans l'axe de l'ouvrage et pouvant porter le train type du règlement de 1927. Par la suite la voie ferrée a été abandonnée, mais il s'est révélé nécessaire de donner passage au convoi militaire de 3 ème classe. La dalle a été renforcée, son épaisseur passant de 0m18 à 0m20, le matelas de sable sous pavage étant réduit de 0m02 , les autres éléments restants inchangés. Le 8 novembre 1948 à l'ouverture des devis, l'administration supérieure a retenu l'offre des Ets DAYDE de Paris pour un montant total de 78.320.668 frs. Outre la reconstruction du nouveau pont il est aussi prévu dans le devis le démontage du pont provisoire installé en 1940.
Choix du type d'ouvrage
Les 3 ponts détruits à Soissons devant être reconstruits aux mêmes emplacements, et pour ne pas trop charger la fondation ancienne de la pile, on a retenu l'acier comme ossature. Le choix s'est porté sur un pont métallique à 2 travées solidaires, à poutres multiples sous chaussée avec dalle en béton armé. L'ouvrage comporte donc un tablier métallique neuf, une pile reconstruite sur fondation conservée renforcée et agrandie et des culées neuves.
Ce pont a les caractéristiques suivantes :
* Pont métallique à poutres multiples continues Biais, 19°30' par rapport à l'orthogonalité
* 2 ouvertures égales de 31m20 d'axe de pile à axe d'appui sur culée
* Ouverture totale biaise 62m40 d'axe en axe appui sur culées
* Chaussée de 9m 2 trottoirs de 2m de largeur utile
* Largeur hors de l'ouvrage 13m90
Le profil en long de la chaussée sur l'ouvrage, symétrique par rapport à l'axe de la pile, se compose d'une parabole de 42m82 de corde, de 0m107 de flèche et de 2 pentes à 1% qui se prolongent sur les culées. Le profil en travers utile comprend une chaussée de 9m encadrée de 2 trottoirs de 2m.
Tablier
La chaussée, à 2 versants plans de 3m50 chacun, réunis par un raccordement parabolique de 2m, est formé d'un pavage mosaïque de 0m08 d'épaisseur sur forme en sable de0m045 après tassement reposant sur une chape en asphalte coulée de 0m01 d'épaisseur. Une dalle générale en béton armé règne sous la chaussée et les trottoirs. Sa face supérieure épouse le bombement de la chaussée, son épaisseur qui est uniformément de 0m20 jusqu'à 3m50 de part et d'autre de l'axe, décroît ensuite jusqu'à 0m16. L'ossature métallique comprend 6 poutres identiques à âme pleine, placées symétriquement de part et d'autre de la chaussée. Chaque poutre est munie d'un appareil d'appui fixe sur la pile et d'un appareil mobile sur chacune des culées. Ces appareils sont en acier moulé.
Pile
La fondation ancienne comprend les pieux en bois dont les têtes sont enrobées dans le béton. Après démolition de ce béton aux endroits correspondants, la fondation est renforcée par le battage de 31 pieux en chêne de 0m33 de diamètre, puis les têtes de l'ensemble des pieux sont enrobées de béton. Sur cette fondation la pile est construite, elle comporte un socle de 4m50 d'épaisseur à la base et de 2m85 de hauteur plus un fût ayant à la base 2m50 d'épaisseur et 17m45 de longueur sur une hauteur de 4m47.
Culées
L'explosion des bombes avait affecté le sol de fondation des anciennes culées, les pieux se sont trouvés couchés en tous sens, d'autre part, certains blocs de béton n'ont pu être déblayés. L'implantation d'une fondation de culée dans un tel terrain s'annonçait comme devant être très laborieuse. L'axe primitif devant toutefois être conservé, le Service Central d'Etudes Techniques, auteur du projet, a prévu pour chaque culée l'établissement d'un mur de front et d'un chevêtre d'appui enjambant la zone bouleversée et venant s'appuyer sur des massifs de fondation latéraux implantés en dehors de l'emprise des culées détruites. Chaque massif de culée forme un rectangle de 5m50 x 7m00 juxtaposé par son côté arrière à un trapèze isocèle dont les base mesurent 5m50 et 3m50 et dont la hauteur est de 5m00 pour un massif et de 5m70 pour l'autre. Ce pont a été commencé en mars 1949 et terminé en octobre 1951

DOSSIERS : ( Direction Départementale de l'Equipement : N° 722 )