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1851
Le projet de la ligne Tergnier-Reims nécessite
la réorganisation des voies de communication établies
au sud-ouest du village. Aussi, la suppression du bac
est-elle décidée. Pour rétablir le chemin
vers Condé, la solution d'un pont ou d'un passage à niveau
est impossible, compte tenu de la hauteur relative du remblai à créer
pour mettre la voie hors d'eau. La Compagnie des Chemins
de Fer du Nord propose alors de rehausser le remblai projeté pour
permettre la construction d'un pont à deux étages
offrant le passage à la ligne LaonReims d'une
part et à la circulation routière d'autre part.
1855
Devant le coût supplémentaire exigé par la construction
du pont route, la Compagnie des Chemins de Fer demande l'institution
d'un péage. Le décret du Il décembre approuve la
décision de construction du pont à deux étages et
autorise la Compagnie à percevoir un droit de péage jusqu'en
1947.
1856
Construction
d'un pont en maçonnerie de 3 arches plein cintre de 66 m de débouché offrant
le passage à la double voie Reims-Laon. En remplacement du bac
existant jusqu'alors, la traversée des «équipages» s'effectue
par une passerelle suspendue à mi-hauteur traversant les piles
au moyen de courts tunnels Les travaux de construction du pont débutent
sous la direction d'un talentueux maître d'oeuvre: M. Mantion.
A l'étage inférieur, une route traverse l'ouvrage au moyen
de courts tunnels ménagés dans les piles et d'un pont suspendu
sous les arches. A l'étage supérieur offre le passage à une
plate-forme à double voie (une seule voie sera mise en service
lors de l'inauguration). Le pont suspendu est conçu pour supporter
une charge maximale de 4500 kg, cette restriction nécessitera
la présence continuelle d'un « gardien péagiste »logé dans
un petit local situé sous la dernière voûte côté Guignicourt.
1857
La ligne Reims-Laon est inaugurée le 18 août. 1857. La deuxième
voie est posée sur la plate-forme en 1959. 1870
Devant l'avancée du front ennemi, ordre est donné de détruire
le pont. L'avance est tellement rapide que les explosifs arrivent
trop tard. 1880
Le département de l'Aisne rachète les droits du péage,
la traversée du pont s'effectue gratuitement. 1882
Sur décision du Génie militaire et en vue de faciliter
les opérations de destruction de cet ouvrage stratégique,
sept chambres à mines destinées à recevoir des
charges explosives sont agrandies.
1904-1905
Lancement d'un pont métallique une dizaine de mètres en
amont du premier ouvrage pour offrir le passage à la voie métrique
du CBR reliant Soissons à Rethel.
1914-1915
Le sursis accordé en 1870 prend fin : l'ouvrage ne résiste
pas à la seconde charge d'explosifs car, mésestimant
la qualité de cette construction, l'armée française
emploie une première charge explosive trop faible. Il faut
donc s'y reprendre à deux fois pour réussir la destruction
des deux arches côté Reims. Le service des Ponts et
Chaussées
note, déjà à cette époque, que la limitation
du poids et de la vitesse des véhicules, ainsi que la défectuosité du
tracé du chemin aux abords du pont, se révèlent
très gênantes pour la circulation devenue plus intense.
On envisage, dès que la situation militaire le permettra,
de reconstruire deux ouvrages distincts. Cette solution est adoptée
par le Génie
allemand. Le pont CBR dont les piles détruites sont remplacées
par des palées est rétabli en relevant les tabliers
tombés
dans l'Aisne. Il offre le passage à une voie militaire de
60 cm à destination de la côte 108 de Berry-au-Bac, alors qu'un second
ouvrage est construit une vingtaine de mètres
en aval pour rétablir le passage des piétons et véhicules.
1918
Les 3 ouvrages provisoires sont détruits lors de la retraite allemande.
1919-
1920
La solution du franchissement de la
rivière par deux
ouvrages distincts est confirmée lors du projet de reconstruction
définitive. A cette époque, l'utilisation du béton
armé n'est adoptée que très prudemment sur
les ouvrages d'art. Sur ce type d'ouvrage en arc, le béton
armé travaillant essentiellement à la compression
trouve son utilisation la plus rationnelle. Le procédé est
donc retenu pour la reconstruction du pont du chemin de fer, établi
selon les dispositions générales identiques à l'ancien:
trois arches plein cintre de 22 m en béton, armées
de cerces métalliques, sont reconstruites sur les fondations
de l'ouvrage primitif.
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1925
La passerelle en bois offrant le passage à la route est remplacée
par un ouvrage en béton armé.
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1930
En vue du rétablissement
de la liaison ferroviaire de Soissons à Guignicourt exploitée
par les CFSNE, construction d'un pont en béton armé à l'emplacement
de l'actuel terrain de camping. Ce pont offre le passage à une
voie normale qui, ne pouvant réutiliser le tracé trop
sinueux de la voie métrique, utilise un tracé plus
adapté en contournant le village par le sud est.
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1940
Les intérêts stratégiques
de la liaison ferroviaire Reims-Laon et de la frontière
naturelle de l'Aisne qui la traverse placent ce « carrefour» sous
la haute surveillance de l'armée française.
Pour éviter toute irruption de blindés allemands,
la démolition du seul point de passage encore intact est
une nouvelle fois décidée. A l'instar du précédent
conflit, deux tentatives sont nécessaires pour mener à bien
la destruction de l'ouvrage, dont les deux arches côté Laon
sont finalement détruites. Tombé aux mains de l'ennemi,
le passage est rétabli sur une voie, par l'édification
d'une estacade composée de quatre profilés métalliques
en « I » reposant sur deux palées. Cette estacade
s'étant révélée peu stable par suite
de crues, le Génie allemand revient sur les lieux et en
construit une seconde plus robuste constituée de six profilés
en « I », s'appuyant sur une seule palée construite
sur un massif en béton. Après la mise en service
de cette nouvelle estacade qui a lieu le 14 novembre, le Génie
démonte aussitôt la première.
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1941
Les restrictions de circulation sur l'estacade exigent la
reconstruction définitive de l'ouvrage dans les plus brefs
délais. Des accords intervenus entre le Ministère
des Travaux Publics et les autorités allemandes permettent
l'arrivée de l'entreprise Renvoisé à Guignicourt.
Le personnel de cette entreprise, des cheminots, une compagnie
de pionniers et des prisonniers de guerre participent activement
aux importants travaux de déblaiement et de reconstruction.
A l'emplacement laissé libre par le démontage de
la première estacade, des cintres en bois sont confectionnés
et dressés sous les voûtes. Un coffrage en bois est
mis en place sur ces cintres, ainsi qu'en position verticale, délimitant
les tympans du demi ouvrage. Des blocs de béton provenant
de la démolition de l'ancien ouvrage sont incorporés
au béton de remplissage. Le demi ouvrage terminé reçoit
une voie raccordée à la place de la voie provisoire
empruntant l'estacade. Cette dernière peut ainsi être
démontée et laisser place à l'édification
de la seconde moitié du pont qui s'achève en juillet.
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1944
Le 25 août, l'ouvrage est de nouveau mis à contribution
par l'armée, cette fois dans de plus réjouissantes circonstances.
Il n'est pas détruit, mais franchi par la seconde vague de chars
américains venus libérer Guignicourt. Ne pouvant remprunter
le pont route provisoire insuffisamment armé, les chars gravissent
sans peine le talus pour gagner la plate-forme et rejoindre le village.
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Après 1945
Reconstruction définitive du pont-route de la RD62. À noter
que les ponts sur l'Aisne de Guignicourt et Concevreux des CFSNE ne seront
jamais reconstruits, la voie ferrée en provenance de Soissons
restera interceptée à Concevreux. Le trafic en provenance
de cette ligne, reprise en 1952 par la RTA, transitera par les voies
de la SNCF sur le parcours situé entre la sucrerie de Condé-surSuippe
et la gare de Guignicourt. On retrouve à Concevreux, sur la rive
gauche de l'Aisne, de beaux restes de l'ouvrage détruit en 1940
qui était du même type que celui de Guignicourt (croisillons
béton). À Guignicourt, seule subsiste une cullée
sur la rive gauche de l'Aisne.
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1994
Des travaux de confortement et de protection sont réalisés
sur les fondations de l'ouvrage. Les piles et murs de berge sont
ceinturés de massifs en béton. Ces travaux sont réalisés à l'aide
de béton coulé sous la protection d'un rideau de palplanches
formant une paroi étanche autour des parties de maçonnerie à traiter.
Des enrochements sont également réalisés au voisinage
des appuis pour protéger les fonds contre les affouillements.
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DOSSIERS : ( Dossier complet fourni aimablement
par Matthieu Germain ) ...... N'oubliez pas d'aller voir la page
consacrée à sa maquette
du pont SNCF de Guignicourt
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