Pour franchir aisément les limites naturelles constituées notamment par les cours d'eau, les Romains édifièrent des ponts qu'empruntaient les grandes voies de circulation dites « chaussées romaines », destinées à relier administrativement les villes entre elles et à l'empire. Les légions pouvaient ainsi intervenir plus rapi­dement pour monter aux frontières et contenir les barbares. Dans ses écrits, César nous indique que ses troupes venant de Reims passèrent par un pont qu'il y avait à cet endroit (Pont à Ver) et qu'il le fit fortifier et garder, puis qu'il alla camper sur la rive septentrionale.
On note la présence de ponts sur l'Aisne à diverses époques, ainsi que l'attestent les dénombrements du comté de Roucy. Ils étaient bien souvent rendus inutilisables par les aléas de la guerre. Cela est attesté notamment en 1393 par l'existence d'un droit de péage sur les marchandises transitant au passage de la rivière. Puis on note qu'il fut détruit, ainsi que l'atteste le dénombrement du 5 juin 1462 qui fait état de l'effondrement du produit des « vinages qui ne valent plus que 24 livres pour cause à ce que le pont a été rompu dès longtemps à cause de guerre ».
  1593
Le pont qui existait primitivement devint inutilisable en raison de son mauvais état et l'installation d'une nacelle s'avéra nécessaire. La concession du passage est octroyée par le seigneur de Roucy, moyennant une redevance de 200 sols, suivant un bail d'un an renouvelable, puis portée à 1 500 sols par an à compter de 1597, «à charge par le preneur de passer et repasser toutes les personnes qui se présenteront audit passage de Pontavert tant à pied qu'à cheval».
Les guerres de religion porteront un coup fatal à l"existence de ce pont ainsi qu'il apparaît dans un document faisant état de l'instal­lation d'un bac et de la destruction du village. Le pont fut alors reconstruit en 1602, entraînant une dépense de 2 150 livres qui fut « levée sur les habitants taillables des élections de Laon et de Reims en vertu de lettres patentes du 26 août 1600 et ordonnance du Trésorier de France de la Généralité de Soissons du 25 avril 1601».
  1649
Le pont est à nouveau détruit. Le procureur fiscal du comté de Roucy trouve nécessaire pour le bien public d'établir un passage avec une nacelle sur la rivière. La concession du bail interviendra alors au profit de divers bénéficiaires jusqu'en 1690, selon une redevance en constante augmentation.
1833
Le Préfet de l'Aisne charge Monsieur de Bussy, conseiller général demeurant à Beaurieux, d'une mission d'étude de façon à remplacer les bacs de Pontavert et d'Ouilly par des ponts sus­pendus. Le conseil municipal de Pontavert, dans sa séance du 16 février 1833, invoque diverses considérations tendant à démontrer « qu'un pont suspendu n'offrirait qu'une solidité précaire et qu'il serait plus avantageux de construire un pont sur piles en maçonnerie qui présenterait moins d'entretien, sans augmenter le prix, ainsi qu'en témoigne celui de Neufchâtel que l'établissement d'un pont à Ouilly n'apparaît pas comme une nécessité absolue, car il n'existait en 1814 qu'un passe-cheval qui à été détruit lors de l'invasion... que le bac de Pontavert enregistre un nombre de passages le plus important du département.
1835
Une ordonnance de Louis-Philippe, en date du 27 février 1835, décide l'établissement d'un pont suspendu à péage en remplacement du bac. L'établissement de ce pont avec un tablier en bois est estimée à 60 000 francs-or, somme qui pourrait être couverte par une subvention du quart. Il serait fait appel à des capitaux privés qui seraient rémunérés par le produit d'un péage.
1872
Le conseil municipal demandait l'élargissement du pont et signalait à l'autorité préfectorale qu'il avait été dans l'obligation d'interdire le passage aux charrettes fortement chargées en raison du mauvais état du tablier et de l'ébranlement des piles dont la base manquait d'adhérence sur le sous-sol de la rivière. L'existence de deux culées de support du pont rétrécissait le lit du cours d'eau et provoquait l'engorgement des flots ainsi, en période d'inondation. la partie basse du village était submergée par le débordement de l'Aisne, provoquant des dégâts aux maisons situées dans la partie sud de la localité. Le pont suspendu fut détruit en 1904 en raison de sa vétusté et de l'impossibilité d'installer la voie de chemin de fer lors de la création de la ligne de la banlieue de Reims, reliant Roucy à Corbeny, dont le matériel roulant devait notamment franchir la rivière.

1904
Le nouveau pont construit après 1904 fut surnommé «le pont neuf». C'est un pont métallique en arc à 3 articulations à 1 arche d'une ouverture de 51m80 avec 1 chaussée de 6m15 et 2 trottoirs de 1m00. Il est emprunté par la voie ferrée d'intérêt local Roucy-Corbeny.
1914
Lors de l'entrée des troupes allemandes à Pontavert, le 2 septembre 1914, le pont était intact. Il fut endommagé par l'artillerie française en octobre de la même année lors de la contre-offensive française précédant la réoccupation du village. Le génie français édifia un pont de bois à côté de l'ancien ouvrage pour faciliter l'acheminement des hommes et du matériel. Un violent bombardement allemand, le 10 mars 1917, avant l'offensive du 16 avril, devait anéantir le pont de fer et le rendre inutilisable.
1918
La circulation est assurée par un pont provisoire en charpente situé à 10m50 de l'ouvrage définitif pouvant supporter 9T dont 5T sur un essieu.

1922-1924
L'ouvrage a fait l'objet du deuxième concours de reconstruction définitive des grands ouvrages d'art détruits pendant les hostilités, ouvert par le Ministère des Travaux Publics de 5 novembre 1919. Le projet présenté par M.M PRADEAU et OSSUDE a été agréé par M. le Ministre des Travaux Publics qui nous l'a notifié par lettre du 20 juin 1920.
Cet ouvrage a 51m20 d'ouverture, il comporte un tablier reposant sur 2 arcs surbaissés en béton armé de 47m de portée entre axes des articulations. Les culées n'ont subi que des détériorations superficielles n'affectant pas leur stabilité. Le tablier de l'ouvrage comporte une chaussée de 6m50 de largeur avec 2 trottoirs de 1m.
Les travaux de construction commencés le 15 novembre 1922 ont été terminés le 5 mai 1924.
1940-1941
Le pont en béton armé a été détruit en mai 1940.
Pour rétablir les communications entre les 2 rives ont a construit en 1941 un pont provisoire en bois en amont du pont définitif. Ce pont provisoire a une longueur de 52m et une largeur de 3m. Son entretien est coûteux car il nécessite des réparations fréquentes, en outre la courbe prononcée existante sur le pont côté rive droite est très grande pour les véhicules avec remorques.
1950 ( le pont actuel )
C'est au cours de l'année 1950 que furent entrepris les travaux qui devaient permettre la construction d'un pont avec une structure en béton armé. Les travaux furent confiés par les Ponts et Chaussées à l'entreprise Glandier de Vouziers qui, en dehors de l'encadrement technique, recrutait sur place ou dans les environs de Pontavert la main d'ouvre nécessaire à l'exécution des divers travaux dont la durée s'est étagée jusqu'en 1953.
L'ouvrage est un pont droit en béton armé à une seule travée, son ouverture entre nus des culées au niveau du tablier est de 51m20. Il repose sur 2 arcs à section constante articulés aux naissances et associés au moyen de poteaux à un tablier en béton armé. Dans la région de la clé, le tablier repose directement sur les arcs.
Chaussée et trottoirs
L'ouvrage porte une chaussée de 6m de large et 2 trottoirs de 1m de largeur chacun. La chaussée est constituée par une couche de gravillons enrobés de 0m015 d'épaisseur reposant, par l'intermédiaire d'une chape en asphalte de 0m015 d'épaisseur et d'un renformis de béton dans la partie centrale, sur le hourdis du tablier. Les trottoirs sont formés d'un dallage asphaltique de 0m015 d'épaisseur reposant sur un remplissage en béton maigre. Le profil en long de la chaussée est constitué sur une longueur de 51m75 par un arc de cercle de 1.150m de rayon prolongé par des tangentes dont la pente est de 2,25%. Le garde corps est en béton armé, sa hauteur totale est de 0m95 au dessus du trottoir.
Tablier
Il a une longueur totale de 52m40 pour 7m67 de large entre nu extérieur. Le longeron central a une largeur variable de 0m42 en travée et 0m70 au droit des nervures transversales. Les 3 nervures longitudinales sont espacées de 3m65 d'axe en axe, et forme dans la région des reins une poutre de rigidité associée aux arcs par les poteaux. 15 nervures transversales de hauteurs différentes sont encastrées sur les 2 arcs. Dans les parties extrêmes les nervures reposent sur les arcs par l'intermédiaire de poteaux et sont articulées sur ces derniers au moyen de sections réduites de béton.
Poteaux
Les poteaux sont au nombre de 6 pour chaque arc. Ils ont une section horizontale constante de 0m42 de longueur et 0m50 de largeur. Ils sont articulés à leur partie supérieure au contact des entretoises et encastrés dans les arcs à leur partie inférieure. Arcs
Les 2 arcs sont articulés aux naissances. Ils sont identiques et à section constante de 1m25 de hauteur et 0m75 de largeur. Leur portée entre axes des articulations est de 47m. Leur fibre moyenne est circulaire, elle a pour rayon57m891 et pour flèche 4m990. L'intrados et l'extrados sont des arcs de cercle concentriques ayant pour rayons 57m206 et 58m456. Les arcs sont contreventés par 2 voiles à section rectangulaire de 1m25 x 0m30 situés dans la région des reins. Les articulations en acier sont celles du pont détruit.
Culées
Les culées de l'ancien ouvrage sont réutilisées. Les aménagements à réaliser sont analogues pour les 2 culées et ne concernent que les couronnements. La culée rive droite est constituée d'un mur de front épaulé de 2 murs en retour, les chaînes d'angles et les murs sont en pierres et moellons, la partie courante du mur de front est enduit d'un mortier de ciment ouvragé imitant la maçonnerie. La culée de gauche est creuse. Elle comporte un mur de front dont la surface a été enduite d'un mortier de ciment imitant la maçonnerie. Ce mur est bordé de 2 chaînes d'angles en pierres de taille prolongées par des murs en retour dans lesquels débouche une voûte surbaissée en maçonnerie de moellons équarris bordée de chaînes d'angle et de bandeaux en pierre de taille.

DOSSIERS : ( Archives Départementales de L'Aisne : N° 1 WPR 148 ) - ( Mairie de Pontavert )
Situation du pont